08/12/2008

Nouveaux essais de visuels



Après avoir produit un travail mis en page de manière rigoureuse, je m'oriente pour ce prochain livre vers des visuels plus sensibles.Voici une première proposition de recto-verso. Jeu de transparence, et de perforation de la feuille (zone sensible au touché).

05/12/2008

Après en avoir discuté

Avant de poursuivre mes recherches et après avoir parler avec Sophie Monville, un état des lieux de mon travail s’impose.
Tout d’abord, je vois reformuler ma thématique, afin d’être plus claire et de bien poser les choses : le quotidien sous surveillance ou l’individu sous contrôle (contrôle externe, mais aussi interne). Mes recherches futures s’appuyeront sur celle-ci.

Ma première phase de recherche a été un repérage qui se veut descriptif d’un système de surveillance. Il amène à une prise de conscience de ce dispositif. La mise en page de cette étape est bonne puisqu’elle donne à voir un récit. Il reste cependant à revoir la graphisme utilisé pour noter les repérages.

Ma deuxième phase pourrait peut-être se construire à partir de textes de philosophes(Deleuze, Foucault « Surveiller et punir »), afin de mieux s’enfoncer dans le dispositif même de surveillance.
Une notion intéressante dans un de mes essais et l’expérimentation du plan gaufré dans du calque. Il donne une vision sensible du parcours ainsi qu’un dessin synthétique extrait d’une observation approfondie. La technique doit être poursuivie.

27/11/2008

Sixième observation


La surveillance surveillée*

Les limitations de sa liberté que le citoyen des pays dits démocratiques est maintenant prêt à accepter sont infiniment plus importantes que celles auxquelles il aurait consenti il y a vingt ans. Il suffit de penser à la manière dont s’est diffusée l’idée que les espaces publics, les places et les rues – ces lieux institutionnels de la liberté et de la démocratie – doivent être constamment surveillés par des caméras.
Un tel environnement n’est pas celui d’une ville, c’est celui d’une prison ! Est-il libre, celui qui se promène dans un espace constamment surveillé ?
Giorgio Agamben, Le gouvernement de l’insécurité, La revue internationale des livres et des idées, n°4, mars-avril 2008 (entretien)

*titre inspiréé "Big Brother Awards, les surveillants surveillés"

22/11/2008
13h34 à 15h09, Orléans
Observation n°6

Parcours pré-établi dans la zone centre-ville d’Orléans.
Observation et repérage des systèmes de surveillance : caméras, patrouilles de police et gendarmerie nationales.



Le parcours a duré de 13h34 à 15h09, soit 90 minutes.
Durant ce laps de temps j’ai vu :

10 voitures de police en patrouille

2 voitures de police en intervention
1 voiture de gendarmerie

1 gendarme à moto

1 fourgon de la gerdarmerie en stationnement

1 dizaine d’agents de
surveillance de la voie publique.
ainsi que :

18 caméras de vidéosurveillance

Ce qui fait une surveillance toutes les 2 à 3 minutes, dans le centre-ville d’Orléans.


25/11/2008

Sous surveillance constante

Je sors dans la rue. Dehors. C’est là que se trouvent les gens. Les autres. Ceux que je ne connais pas et qui ne me connaissent pas. Des gens pressés qui se bousculent, pourtant ici mais déjà ailleurs. Ils suivent leurs trajectoires, vues d’en haut elles se croisent et s’entremêlent mais personne ne se rencontre. Et je suis là moi aussi, un point parmi tant d’autres.

Anonyme.

Je me plais à dire que personne ne sait rien de moi ou ne m’a déjà vue.

Mais la caméra elle si. Elle, elle guette. Elle est là. Elle enregistre tout, tout le temps. Elle, elle sait que je passe souvent par là, que chaque jour je viens ici pour acheter mon pain (sauf le week-end). Celle qui me rend la monnaie le sait aussi, mais elle ne me fait aucun signe qui pourrait me le laisser croire. Service, sourire, rentabilité. Elle aussi est surveillée.

Je tourne dans une autre rue. Ici pas de caméras, mais après quelques pas, une patrouille de police me dépasse. Ce n’est pas moi qu’ils regardent mais ils m’ont vue. Je continue mon chemin.

J’entre dans le grand centre commercial avec toutes ses lumières et ses couleurs qui attirent le regard. Mais à gauche un vigil-pompier, à droite un vigil-costard-lunettes-noires d’un des magasins du centre commercial, en face une caméra, derrière une autre caméra, pour une vision à 360°. Et dans mes oreilles une musique d’ambiance, thème : forêt tropicale (???), pour contrôler mon humeur et ma frénésie d’achat. Je passe sur le conditionnement des rayons de supermarché pour arriver à la caisse. Tapis roulant, bips, codes barres, total, carte d’adhésion, chèque, carte d’identité… et me voilà avec mes deux gros sacs remplis de courses. Caméras devant, derrière, vigils tout autour, vigil-pompier, vigil-costard-lunettes-noires…

Venez à la campagne, y a pas tout ça nous dira-t-on !

Oui mais dans les villages, pas besoin de caméras pour que tout le bourg soit au courant du dernier ragot !

Réponse à Anonyme (voir commentaire du précédent message)

Merci Anonyme, qui que tu sois (même si je pense le savoir), j'avais bien besoin de ton message ! Même si ton pseudo m'a énervée dans un premier temps, je ne peux rien te reprocher parce que je défends la garantie de l'anonymat (alors bien joué).

Ton message est un peu un souffle d'air dans mon cerveau surchargé de la lecture de Big Brother Awards, les surveillants surveillés. Il mélange mes idées, fait un peu de ménage et m'amène à reconsidérer la chose sous un nouvel angle. L'accumulation d'exemples (cités dans le livre) prouvant le contrôle et la surveillance du gouvernement sur chacun, ne me fait voir le problème que sous un seul angle.

Ta théorie me pose question. Selon toi le contrôle serait nécessaire pour créer un gigantesque village à l'échelle du monde (utopie?) et ainsi recréer les liens existant autrefois à l'échelle du village ? Selon toi toujours, être libre signifie être individualiste ? Dans ce cas alors, contrôler l'individu revient à contrôler la liberté. Est-ce que quelqu'un peut avoir le pouvoir de s'arroger le droit de contrôler les libertés individuelles ? Penses-tu vraiment qu'il n'y a pas d'autre moyen que la surveillance et le contrôle pour assurer notre survie ? Une société qui vit dans la crainte permanente ne peut rien donner de bon...

Je suis d'accord avec toi qu'autrefois à l'échelle du village tout ce savait (et c'est encore le cas dans certains bourgs de France) pourtant l'information qui circulait n'était pas de même nature et n'apportait pas à la personne les mêmes préjudices que les informations recueillies de nos jours. Par rapport à ce propos, tu m'as décidée à publier un texte que j'ai écris la semaine dernière (prochain message).

Pour moi, le quotidien c'est...

Selon l'Encyclopédie Universaliste, le quotidien est toujours un caractère répétitif plus ou moins voilé par les obsessions et les craintes. [...] Il est l'invariant des variations qu'il enveloppe. Les jours se suivent et se ressemblent, pourtant tout change.

Ainsi devient quotidien quelque chose qui entre dans notre vie de tous les jours, quelque chose qui se répète et par rapport à laquelle on ne porte plus attention. Quand on parle de quotidien, on parle donc aussi d'habitude. Habitude qui se crée par la répétition. Attention quotidien ne veut pas dire ni monotone ni banal. Heureusement qu'à l'intérieur de notre vie journalière se produit des choses extraordinaires.

Il appartient à chacun de nous d'observer le quotidien pour extraire des éléments particuliers, éléments particuliers qui, sans notre attention et notre regard, se fondent dans la répétition quotidienne.

Il est un élément qui requiert toute notre attention et qui tend à se banaliser et à entrer notre quotidien, à y prendre de plus en plus de place sans que nous n'y fassions très attention... Au nom de la sécurité de tous, la surveillance permanente et le contrôle de l'identité de chacun s'accentue. Bientôt il sera de plus en plus difficile de faire un pas dans la rue sans être filmé (le Ministère de l'Intérieur annonce que d'ici 2012 le nombre de caméras en France sera triplé -de 350 000 à un million-), de naviguer sur internet sans être fiché (les fournisseurs de connexion internet ont désormais le droit de constituer une base de données de se qu'on fait sur le net à partir de notre adresse IP), de payer un achat sans donner d'informations personnelles (projet de payement par empreinte digitale), d'avoir le droit à la présomption d'innocence (un parmi tant d'autres, le fichier STIC qui répertorie tout individu considéré comme "suspect" par la police, et garde la trace de toutes les victimes), etc...

Exemples extraits de Big Brother Awards, les surveillants surveillés (livre Zones).

Une société de surveillance et de contrôle laisse peu de place à une société démocratique garante des libertés individuelles. Est-ce véritablement de cette société que nous voulons? Au nom de la protection, sommes-nous prêts à accepter une surveillance et un contrôle quotidiens?

"Si vous croyez que le monde ressemblera un jour à celui de Big Brother, détrompez-vous... Vous êtes en plein dedans ! [...] Lorsqu'on ne s'étonne plus du traçage, de la vidéosurveillance ou de la conservation des données, c'est justement le signal qu'on est entré dans un monde orwellien."
Alex Türk, président de la Comission nationale de l'informatique et des libertés, dans le Figaro, 6 août 2005.

19/11/2008

Cinquième observation

19/11/2008
18h00, Orléans


Il est important lorsqu'on est en quête d'une identité d'avoir le regard d'autrui sur le sujet observé.
Ainsi quelques personnes côtoyant de près ou de loin ID 0611 vont être interrogées pour savoir ce qu'elles savent d'elle et ce qu'elles peuvent déduire à partir d'observations de son comportement.
Cette recherche va tendre à mettre en évidence les traces et les renseignements personnels laissés ou donnés (consciemment ou non) par ID 0611 aux autres.

Vont être questionnés : ses amis proches, des connaissances, ses voisins, un de ses professeurs, la personne à l'accueil de son école, son petit copain. On évitera la famille proche parce que la quantité d'information serait trop importante. Dans tous les cas, on limite la quantité à l'espace d'une feuille A4. L'absence d'information est aussi importante que la surabondance. L'intérêt est de comparer les différents résultats, ainsi on pourra savoir de quelle nature seront les différentes informations qu'ID 0611 donne aux autres.

France Inter, Parenthèse

Didier Bigot -(enseignant les relations internationales à l'Institut d'Etudes Politiques de Paris et chercheur associé au Centre d'Etudes et de Recherches Internationales (CERI-Sciences Po paris)- est intervenu dans l'émission Parenthèse, le samedi 15 novembre 2008, à propos de son livre "Au nom du 11 septembre...les démocraties à l'épreuve de l'antiterrorisme".

Le respect de nos libertés individuelles sont garantes de la Démocratie pourtant nous entrons de plus en plus dans l'ère du profilage...

Ce qui devient dangereux aujourd'hui c'est le branchement entre 2 logiques de renseignement : les services de renseignements (l'espionnage, qui a toujours existé) et des techniques de surveillance hétérogènes (ex : la demande du code postale pour avoir une carte d'adhésion dans un magasin). Nous acceptons la plupart du temps ce système de surveillance parce que nous n'avons pas l'impression de donner des renseignements personnels.

Le branchement de ces différents renseignements ce fait lorsqu'un service de renseignement, de police ou même militaire acquièrent la droit de récupérer ces données et de les utiliser non pas pour rechercher une personne déjà connue mais pour rechercher quelqu'un qui ressemble à un type de personne (ex: terroriste). C'est ce qu'on appelle le profilage.

Il existe bien encore aujourd'hui en France une protection juridique qui garantie le non-accès aux données personnelles, mais la frontière entre vie privée/vie publique tend à s'effilocher puisque les systèmes de vidéo-surveillance et l'inter-connection de fichiers tend à se généraliser. Le danger vient aussi de la différence de règles entre les différents pays.

Pourquoi accepter de tels contrôles ?
On remarque que les gens sont prêts pour augmenter leur propre sécurité à sacrifier la liberté des autres (cf. David Call) sans avoir l'impression que c'est en fait leur liberté qui est sacrifiée!!

18/11/2008

13/11/2008

Qui suis-je (essai d'image)?

Nouvel essai d'image
Je recherche des images egnimatiques, évocatrices et suggestives...

12/11/2008

Quatrième observation

12/11/2008
16h00, Orléans



La poubelle, reflet de ce qu'ID 0611 consomme et rejette. Relevé systématique des emballages et papiers divers et découpe d'un fragment de chacun d'entre eux. On y découvre des produits alimentaires (corn flakes, biscottes, gâteaux, lait...), des médicaments (paracétamol, pillule, lentilles), des publicités, un billet de train. Collecte à poursuivre...

Récapitulatif





A propos des images produites

Je ne suis pas tout à fait satisfaite des images que j'ai réalisé hier. Elles sont peut-être trop en dehors du contexte de mon sujet (???), ou peut-être n'ont-elles pas encore de contexte.

La première est censée retranscrire une part de mon identité. Je me suis appuyée sur des observations de ma manière d'être, des comparaisons faites par moi ou par d'autres (il semble que la poule reviennent souvent). Pour le reste à vous d'y voir ce que vous voulez.

Pour la deuxième, c'est l'image de la Princesse au petit-pois qui me représente le plus je pense.

Je joue un peu au jeu du Si j'étais un animal, je serais... Si j'étais une princesse, je serais... Peut-être vais-je continuer dans cette voie là et produire des images. Il serait aussi intéressant de penser au texte qui peut précéder, d'écouler, accompagner, contredire ou souligner les images. Mon travail à venir va donc sûrement être un travail d'écriture.

J'ai encore quelques difficultés à penser livre. Cela vient sans doute du fait que je n'ai pas encore assez de matière. De plus je ne sais pas encore comment je vais gérer le passage de la fiction au réel, de l'image à l'écrit, du visible à l'invisible. A suivre...

11/11/2008

Me rêver en princesse



Moi la poularde et le monde autour


La part de fiction

Technique employée, le photomontage à partir d'images trouvées sur internet, découpées et assemblées grossièrement (possibilité d'intervention à la main après).

Début de mise en page...

Trois observations ont été effectuées (identité administrative+adhésions, virtuelle, scolaire).

De plus, chaque jour j'écris ma journée sous forme de poème commençant toujours par "Aujourd'hui je suis... (exemple: (04/11/2008) Aujourd'hui je suis, la voyageuse endormie, là de retour chez moi, la fatiguée, la motivée, l'absorbée [...], la remise en question, la stimulation, là je sens que je tiens quelque chose, la je vois pas le temps passé, minuit déjà.").

Ma recherche d'identité au quotidien va se poursuivre entre réalité (ce qui est vrai=les observations) et fiction (invention, mythomanie sur mon propre compte). La collecte d'information continue. Je vais la compléter par une production visuelle de ma vie mi-réelle, mi-romanesque (Aujourd'hui on dirait que je serai une princesse).


Au vue de ce que j'ai déjà fait, plusieurs mots-clé (pouvant servir de vecteurs de mise en page) semblent apparaitre : couches/strates, superposition, plusieurs en un, lisible/illisible, rature, mise en avant par la suppression, surimpression, fragmentation.
J'éprouve quelques difficultés à organiser tout ça et à produire quelque chose sous forme de livre. Peut-être n'ai-je pas encore suffisamment de matière (réelle ou fictionnelle)? A voir...

07/11/2008

Troisième observation

07/11/2008
11h48, Orléans

Prise de vue du dossier scolaire d'ID 0611, à l'Institut d'Arts Visuels.
Le temps d'affichage de chaque image étant de 1 seconde il y a donc environ 60 feuilles qui retracent le parcours administratif scolaire d'ID 0611 de 2005 à 2008.

06/11/2008

Deuxième observation

06/11/2008
17h20, Orléans

Deuxième recherche : internet. Monde virtuel, où chacun laisse son identité sous forme d’identifiant (vrai ou faux) à de nombreux endroits.

(liste non donnée ici).

Compte-rendu de l’observation :
Beaucoup de sites liés à son école (domaine artistique), de nombreuses pétitions et quelques blogs (amis, famille).


Première observation


06/11/2008
15h15, Orléans


Première observation pouvant nous donner quelques renseignements : le porte-monnaie. Grand nombre de personnes y stocke des documents très administratifs (carte d’identité, permis de conduire…) mais également des traces de leur quotidien.

Voici la liste (non visible sur le site).


Nous pouvons déduire de cette observation, qu’ID 0611 possède 2 comptes en banque, qu’il a la sécurité sociale ainsi qu’une mutuelle. Il fait des études d’art à l’Institut des Arts Visuels d’Orléans, possède une carte de photocopie et a le droit d’emprunter des documents aux bibliothèques. Au vue de ses cartes de fidélité, on peut déduire que c’est une fille (magasin de vêtement, institut de beauté, coiffeur). Elle se cultive (CDN, Pac) et a un intérêt pour le tissu et la laine.

Elle a plus de 18 ans (droit de vote et permis B) et a effectué au moins un déplacement à l’étranger (passeport). Elle doit prendre le train régulièrement (carte 12-25)

Elle aime garder des traces d’elle-même (photos) et non des autres. Elle doit payer principalement avec sa carte de crédit (peu de monnaie, aucun billet, quelques tickets de carte). Elle écrit des lettres à moins que ce ne soit pour les papiers officiels. Elle boit du thé.


Début de l'enquête

06/11/2008
15h03, Orléans

Début de l’enquête sur le sujet XX à laquelle nous attribueront l’identifiant ID 0611, afin, de ne pas faire apparaitre son nom (raisons de confidentialité). Les documents fournis seront donc cryptés.

L’observation devra exclusivement porter sur les traces laissées au quotidien par ID 0611. Les traces pourront être de plusieurs natures :documents (cartes, listes, tickets de caisse, documents officiels…), traces virtuelles (internet, fichiers informatiques…) et devront servir à connaitre et identifier le quotidien, ainsi que les comportements de la cible.

04/11/2008

Système de contrôle

Qui sait ce qu'ils taxeront ensuite ?
Publicité visible sur le site Le Cri du Contribuable, mettant en exergue le contrôle de l'acquitement de taxes quotidiennes par l'utilisation d'un système biométrique.

Manu Luksch, Faceless

"Les habitants de Londres sont les plus observés du monde" annonce Manu Luksch lors d'une conférence au Festival Ars Electronica (2007). C'est donc tout naturellement que l'artiste a utilisé la ville de Londres et plus précisément son système de vidéo surveillance pour tourner Faceless. La réalisation de ce long métrage a été rendu possible grâce à la loi Data Protection Act, dédiée
à la protection des données personnelles, qui rend possible l'obtention des bandes filmées par les caméras de surveillance.

Cf. Sophie Call

Mon subconscient a fonctionné sans moi. En effet, mon protocole ressemble étrangement à La filature de Sophie Calle.
Sauf que moi, je déplace un peu le propos. Au lieu de demander à quelqu'un de me suivre, je me suis moi même. De plus, l'action ne se situe pas réellement au présent, puisqu'elle est plutôt tournée vers le passé et vers les traces que j'ai pu laisser derrière moi. C'est un travail de collecte, que je vais donc entreprendre, suivis d'un travail de restitution. La forme reste encore énigmatique puisque je ne sais pas exactement ce que je vais trouver. Ça prendra peut-être la forme d'un cahier d'archives accompagné de notes (suppositions engendrées par les visuels), ou alors d'une chasse à l'identité ou encore d'une fiction où la biométrie reignera à tous les niveaux de mon quotidien (invention de contrôles potentiels).

La biométrie, solution d'avenir ?

La biométrie, fille de l’anthropologie, permettrait de constituer sur chaque individu des fichiers personnels de renseignements, en vue d’identifier chaque individu. Ainsi chaque personne serait recensée. Les informations étant centralisées, on pourrait connaître de nombreuses informations en quelques clics (même si ces fichiers sont censés être protégés et non accessibles à l’ensemble). Certains tirent déjà la sonnette d’alarme face aux dérives potentielles (prélèvements quotidiens de traces de l’individu, banalisation de la demande d’information, où se situera la limite vie privée/vie publique).

Mais même si on ne rencontre pas (encore) la biométrie au quotidien, un contrôle est déjà mis en place (vidéo surveillance, passeport biométrique en Belgique...). De plus, chaque jour, nous laissons des traces de notre identité (l’inscription à un site internet, l’adhérence à une carte de fidélité, une photo de nous avec nos amis mise sur My Space, les mots de recherche qu’on tape sur Google…). Ainsi pour un observateur averti, il est déjà possible de déduire certaines choses de notre vie grâce à ces indices.

Cf. reportage I télé


Sommes-nous ces traces ?

PROTOCOLE :

A la manière d’un détective privé, je vais me suivre à la trace comme si je n’étais pas moi, pour voir la somme d’informations que je peux récolter sur moi (bien sûr j’aurais accès à tous mes papiers : carte d’identité, carnet de santé, relevés de compte…). Mais pour une certaine confidentialité, je ne sais pas encore si je publierai tous ces éléments ou si je publierai les documents réels. Entre réalité et fiction, puisque c'est mon identité, je me donne le droit d'en modifier les caractéristiques. Au lecteur, de croire ce qu'il veut...

Quelles traces je laisse derrière moi, à quels endroits ? Qu’est-ce que ces traces disent de moi ? Où se trouve mon vrai moi ?

Identité

Qui suis-je ?

Question très difficile. Chaque mot cloisonne, enferme l’individu en une entité fixe, nie son contraire. Si on dit de quelqu’un qu’il est égoïste, ne peut-il pas lui arriver de prendre soin de son prochain ? Comment, à partir de ce constat, peut-on parler de ce que l’on est ? Est-on bien placé pour parler de soi ? On pourrait choisir de se montrer, mais comment l’image peut-elle donner à voir ce que l’on est puisqu’elle n’est pas l’individu mais une représentation de lui ?

Il devient donc très difficile de définir ce que l’on est. Quel procédé permettrait de coller au plus juste à l’être ? L’angoisse monte… Chacun a plusieurs identités réunies sous ce que j’appelle le Moi. Moi-seul ou Moi-avec-mes-amis constituent le Moi mais ne sont pas pareils. Lequel est le plus (naturel) réel ?

Dans un monde, qui recherche la transparence sur l’identité de chacun, il est pourtant extrêmement difficile de savoir qui on est vraiment. La société et notre quotidien proposent des schémas sociaux qui se complexifient. On nous demande d’être de plus en plus polyvalents, nous faisons donc appel à une multitude de compétences. Ainsi, nous endossons une diversité d’identités qui se regroupe sous ce que j’appelle le Moi mais qui ne sont pas le exclusivement le Moi.

On peut parler de crise. En effet, autrefois les individus étaient portés par les institutions, ils étaient cadrés, ils n’avaient qu’à suivre le chemin de leur vie qui était tracé d’avance. Aujourd’hui, l’individu se met en question et doit lui même fabriquer les cadres de son action future, il faut qu’il ait une idée de lui-même (cf. Jean-Claude Kaufmann, « L’identité en question », Cité des Sciences, Exposition Biométrie : le corps identité). L’angoisse, due à la difficulté de savoir qui on est, est donc provoquée par la multi-appartenance de chaque individu : comment dire alors ce qu’on est quand on est en perpétuel changement ? (cf. Claude Dubar, « L’identité en question », Cité des Sciences, Exposition Biométrie : le corps identité).

Savoir qui on est vraiment est donc une lutte de chaque instant. Cette lutte s’accompagne d’une tension constante entre être soi et être au sein de la société.
D’après François de Singly dans « Un corps pour soi », l’individu moderne est constitué de 2 couches, d’abord le soi véritable (intime), ensuite les apparences (habits sociaux, masque). Toute la difficulté est d’arriver à trouver le juste milieu pour ne pas se perdre.

Cf. Site de la Cité des Sciences.

Identité/Identification.

Pour l’administration, l’identité ce n’est pas compliqué, c’est un nom, un prénom, une date de naissance, mais l’identité c’est presque tout le contraire. C’est un univers de complexité, c’est un continent à découvrir. […] On ne peut jamais faire le tour d’une personne. C’est pourquoi il ne faut pas confondre l’identité avec l’identification [simple, identifier de manière technique], (cf. Jean-Claude Kaufmann, « L’identité en question », Cité des Sciences, Exposition Biométrie : le corps identité).

Chacun a besoin d´être reconnu sans confusion possible grâce aux éléments qui le singularisent. L´état civil se contente de quelques données, sexe, date et lieu de naissance qui ne donnent qu'une vision réductrice de l´individu dont l´identité réelle est complexe et en perpétuelle construction.

01/11/2008

Virage à 86 degrés

Je m'ennuie dans mon protocole. Il ne se passe rien et je doute de plus en plus sur le bien fondé de mes choix. Que va apporter mon expérience, comment cela va-t-il se retranscrire dans mon livre ?

J'ai donc décidé de recentrer mes réflexions sur l'identité ? Qui suis-je ? Qui est-on vraiment ? Comment peut-on être soi même au quotidien ? Qu'est ce qui constitue notre identité quotidienne ? Notre identité dépend-elle de nous ou des autres ?

27/10/2008

Jour 1



27/10, 14h00

Figurine-témoin réalisée.

Tissu très blanc, traits noirs en ordre. Odeur de tissu. Fixée à mon poignet gauche.

26/10/2008

Le temps qui passe

Suite à la discussion de vendredi dernier avec Joëlle Labiche, j’ai pris plusieurs décisions.

Je précise mon axe de recherche. Je continue d’observer l’évolution de mon corps au quotidien, mais plus précisément par rapport au temps qui passe. J’aborderai donc les thèmes suivants : le vieillissement, l’altération (de la chair, des sens…) et la salissure.

Pour pouvoir observer ses changements sur un corps, il faudrait pouvoir l’observer sur un temps très long. Ne pouvant pas me le permettre j’ai décidé de transférer mes observations sur une figurine de tissu qui symboliserait le corps. C’est en quelque sorte un objet témoin qui servira à capter les traces, garder l’empreinte du quotidien et matérialiser le temps qui passe.
Je choisis de la réaliser en tissus blanc avec seulement quelque détails anatomiques (poils, cheveux, visage, seins, nombril), le but n’est pas d’être réaliste mais évocateur.

Première phase : l’observation.
Je décide de fixer cette figurine à mon poignet (la main est la partie du corps qui reçoit le plus les traces de ce que l’on fait au quotidien). Je recopie l’action de l’enfant qui traine son doudou partout où il va. Pendant 2 semaines je vais donc porter cette figurine sans jamais la laver. Chaque jour je prendrai une photographie attestant de son état du jour, que je daterai et à laquelle j’ajouterai mes observations (visuelle et olfactives).

Par rapport à la vision du corps que je vais donner, je pars sur la base du constat. Je ne veux ni tomber dans l’horrible, ni le sublime.

23/10/2008

Protocole

Selon le petit Larousse 2000 :
CORPS n.m. (lat. Corpus)
1. Organisme, partie matérielle de l'être humain.
C'est donc bien de matière dont je vais parler, de l'évolution de cette matière au quotidien, du corps quotidien en opposition au corps sublimé. Je veux mettre en avant que qu'on cache au regard dans les images de corps imaginaires des publicités. Mon protocole s'établit autour de 2 axes : la collecte de matière (poils, ongles...), et l'observation par photographies ou croquis de ce corps. Peut-être cette réflexion autour du corps-quotidien sera-t-elle mise en opposition aux images de corps-magasine prélevées.

volume/couleur de peau/position du corps/résidus/mouvements/défauts/maladies/imperfections/traces des vêtements sur le corps/vieillissement/remise en marche de la machine/rythme/tout ce qui pousse (cheveux, poils, ongles)/états de corps/état de peau/sensations

Sites à voir:
- Annonce d'un colloque du 28 janvier 2008, sur le thème suivant : Le corps au quotidien. Sociologie des expériences corporelles.
http://calenda.revues.org/nouvelle9704.html
- Le CEAQ (Centre d'Études sur l'Actuel et le Quotidien), fondé en 1982 par Michel Maffesoli et Georges Balandier, professeurs à la Sorbonne.
http://www.ceaq-sorbonne.org/node.php?id=1281
http://www.ceaq-sorbonne.org/node.php?id=1281
(article du GRACE, groupe de recherches sur l'anthropologie du Corps et ses enjeux).

22/10/2008

Intentions de projet

CORPS QUOTIDIEN

Après avoir tenté de questionner le quotidien par rapport au 3 postures de base qu'adopte le plus souvent notre corps (assis, debout, couché), je décide de recentrer mes réflexions sur le corps humain.

Je suis une âme et un corps, j'habite ce corps, je suis ce corps, je vis ce corps au quotidien. Je le vois vieillir, se décomposer, sécréter des substances, se recouvrir de poils qu'il me faut enlever, rougir sous la poussée d'un bouton, grossir, sécher... Mais je le vois aussi se dénuder devant le regard de celui que j'aime, frémir sous ses caresses, s'embellir et vibrer.

Qu'est-ce que ce corps quotidien? Ce corps que tour à tour, on déteste et voudrait changer, ou que l'on adore et voudrait garder tel quel toute sa vie?

Ce corps qui n'est pas comme toutes les images sublimées qu'on voit autour de nous, mais qui pourtant mérite qu'on lui porte un intérêt. Ce corps réel qui peut se livrer tout entier et non pas seulement au regard comme les images publicitaires. Ce corps matière que l'on peut toucher, entendre, voir et sentir. Ce corps qui vit.

Je veux parler de la lutte constante entre le corps naturel et le corps artificiel.

J'entends par corps naturel, corps qui transpire, se salie, vieilli ; et corps artificiel, celui qu'on lave, apprête, sublime. Contrairement au point de vue de David Le Breton dans L'adieu au corps, je pense que le corps ne doit pas être voué à disparaitre pour laisser la place à l'esprit mais qu'au contraire sans le corps l'esprit n'est rien. Le corps est ce qui permet de fixer et d'extérioriser notre identité. Montre-toi que je te regarde et je te dirai comment tu vis.

Lectures

Un corps pour soi, chapitre « Le corps dans tous ses états » de Jean-Luc Kaufmann

Il ne faut pas entendre corps au singulier mais plutôt au pluriel.
Le corps est d’abord visible. Il se définit par la peau (frontière intérieur /extérieur), c’est une enveloppe habitée ‘‘L’objet sociologique n’est pas le corps mais les acteurs qui le mobilisent’’ (Roussel, 2003). Et c’est par son apparence corporelle que l’individu se donne à voir à autrui. C’est par ce corps qu’il construit son image sociale, elle-même régie par des normes. L’individu par le regard, l’observation des autres, de leurs postures et l’enregistrement de ses sensations va définir lui-même une norme qui influera sur son aisance corporelle. Cette aisance ainsi que la beauté garantit la normalité de la norme.
Ensuite, il y a le corps sensible (en opposition au coté rationnel de la pensée). Les sens et les sensations captés par le corps influent sur nos choix et donnent l’impression que le corps est au centre de l’identité individuelle.
Pour finir, il ya le corps secret, celui-ci stocke une mémoire infraconsciente qui forment des schèmes infraconscients. Lorsqu’on les incorporent, ils deviennent des modèles et sont la base de notre habitude.

Un corps pour soi, chapitre « Le soi dénudé » de François de Singly

L’individu moderne est constitué de 2 êtres : le soi (ce que nous sommes réellement, être intime), recouvert par l’être social (apparences, habit social, masque que l’on revêt pour se montrer aux autres). Pour trouver la vérité, l’individu cherche à rendre visible son intimité (pour s’assurer qu’elle existe).

L’homme merveilleux, exposition au château de Malbrouk