07/11/2008

Troisième observation

07/11/2008
11h48, Orléans

Prise de vue du dossier scolaire d'ID 0611, à l'Institut d'Arts Visuels.
Le temps d'affichage de chaque image étant de 1 seconde il y a donc environ 60 feuilles qui retracent le parcours administratif scolaire d'ID 0611 de 2005 à 2008.

06/11/2008

Deuxième observation

06/11/2008
17h20, Orléans

Deuxième recherche : internet. Monde virtuel, où chacun laisse son identité sous forme d’identifiant (vrai ou faux) à de nombreux endroits.

(liste non donnée ici).

Compte-rendu de l’observation :
Beaucoup de sites liés à son école (domaine artistique), de nombreuses pétitions et quelques blogs (amis, famille).


Première observation


06/11/2008
15h15, Orléans


Première observation pouvant nous donner quelques renseignements : le porte-monnaie. Grand nombre de personnes y stocke des documents très administratifs (carte d’identité, permis de conduire…) mais également des traces de leur quotidien.

Voici la liste (non visible sur le site).


Nous pouvons déduire de cette observation, qu’ID 0611 possède 2 comptes en banque, qu’il a la sécurité sociale ainsi qu’une mutuelle. Il fait des études d’art à l’Institut des Arts Visuels d’Orléans, possède une carte de photocopie et a le droit d’emprunter des documents aux bibliothèques. Au vue de ses cartes de fidélité, on peut déduire que c’est une fille (magasin de vêtement, institut de beauté, coiffeur). Elle se cultive (CDN, Pac) et a un intérêt pour le tissu et la laine.

Elle a plus de 18 ans (droit de vote et permis B) et a effectué au moins un déplacement à l’étranger (passeport). Elle doit prendre le train régulièrement (carte 12-25)

Elle aime garder des traces d’elle-même (photos) et non des autres. Elle doit payer principalement avec sa carte de crédit (peu de monnaie, aucun billet, quelques tickets de carte). Elle écrit des lettres à moins que ce ne soit pour les papiers officiels. Elle boit du thé.


Début de l'enquête

06/11/2008
15h03, Orléans

Début de l’enquête sur le sujet XX à laquelle nous attribueront l’identifiant ID 0611, afin, de ne pas faire apparaitre son nom (raisons de confidentialité). Les documents fournis seront donc cryptés.

L’observation devra exclusivement porter sur les traces laissées au quotidien par ID 0611. Les traces pourront être de plusieurs natures :documents (cartes, listes, tickets de caisse, documents officiels…), traces virtuelles (internet, fichiers informatiques…) et devront servir à connaitre et identifier le quotidien, ainsi que les comportements de la cible.

04/11/2008

Système de contrôle

Qui sait ce qu'ils taxeront ensuite ?
Publicité visible sur le site Le Cri du Contribuable, mettant en exergue le contrôle de l'acquitement de taxes quotidiennes par l'utilisation d'un système biométrique.

Manu Luksch, Faceless

"Les habitants de Londres sont les plus observés du monde" annonce Manu Luksch lors d'une conférence au Festival Ars Electronica (2007). C'est donc tout naturellement que l'artiste a utilisé la ville de Londres et plus précisément son système de vidéo surveillance pour tourner Faceless. La réalisation de ce long métrage a été rendu possible grâce à la loi Data Protection Act, dédiée
à la protection des données personnelles, qui rend possible l'obtention des bandes filmées par les caméras de surveillance.

Cf. Sophie Call

Mon subconscient a fonctionné sans moi. En effet, mon protocole ressemble étrangement à La filature de Sophie Calle.
Sauf que moi, je déplace un peu le propos. Au lieu de demander à quelqu'un de me suivre, je me suis moi même. De plus, l'action ne se situe pas réellement au présent, puisqu'elle est plutôt tournée vers le passé et vers les traces que j'ai pu laisser derrière moi. C'est un travail de collecte, que je vais donc entreprendre, suivis d'un travail de restitution. La forme reste encore énigmatique puisque je ne sais pas exactement ce que je vais trouver. Ça prendra peut-être la forme d'un cahier d'archives accompagné de notes (suppositions engendrées par les visuels), ou alors d'une chasse à l'identité ou encore d'une fiction où la biométrie reignera à tous les niveaux de mon quotidien (invention de contrôles potentiels).

La biométrie, solution d'avenir ?

La biométrie, fille de l’anthropologie, permettrait de constituer sur chaque individu des fichiers personnels de renseignements, en vue d’identifier chaque individu. Ainsi chaque personne serait recensée. Les informations étant centralisées, on pourrait connaître de nombreuses informations en quelques clics (même si ces fichiers sont censés être protégés et non accessibles à l’ensemble). Certains tirent déjà la sonnette d’alarme face aux dérives potentielles (prélèvements quotidiens de traces de l’individu, banalisation de la demande d’information, où se situera la limite vie privée/vie publique).

Mais même si on ne rencontre pas (encore) la biométrie au quotidien, un contrôle est déjà mis en place (vidéo surveillance, passeport biométrique en Belgique...). De plus, chaque jour, nous laissons des traces de notre identité (l’inscription à un site internet, l’adhérence à une carte de fidélité, une photo de nous avec nos amis mise sur My Space, les mots de recherche qu’on tape sur Google…). Ainsi pour un observateur averti, il est déjà possible de déduire certaines choses de notre vie grâce à ces indices.

Cf. reportage I télé


Sommes-nous ces traces ?

PROTOCOLE :

A la manière d’un détective privé, je vais me suivre à la trace comme si je n’étais pas moi, pour voir la somme d’informations que je peux récolter sur moi (bien sûr j’aurais accès à tous mes papiers : carte d’identité, carnet de santé, relevés de compte…). Mais pour une certaine confidentialité, je ne sais pas encore si je publierai tous ces éléments ou si je publierai les documents réels. Entre réalité et fiction, puisque c'est mon identité, je me donne le droit d'en modifier les caractéristiques. Au lecteur, de croire ce qu'il veut...

Quelles traces je laisse derrière moi, à quels endroits ? Qu’est-ce que ces traces disent de moi ? Où se trouve mon vrai moi ?

Identité

Qui suis-je ?

Question très difficile. Chaque mot cloisonne, enferme l’individu en une entité fixe, nie son contraire. Si on dit de quelqu’un qu’il est égoïste, ne peut-il pas lui arriver de prendre soin de son prochain ? Comment, à partir de ce constat, peut-on parler de ce que l’on est ? Est-on bien placé pour parler de soi ? On pourrait choisir de se montrer, mais comment l’image peut-elle donner à voir ce que l’on est puisqu’elle n’est pas l’individu mais une représentation de lui ?

Il devient donc très difficile de définir ce que l’on est. Quel procédé permettrait de coller au plus juste à l’être ? L’angoisse monte… Chacun a plusieurs identités réunies sous ce que j’appelle le Moi. Moi-seul ou Moi-avec-mes-amis constituent le Moi mais ne sont pas pareils. Lequel est le plus (naturel) réel ?

Dans un monde, qui recherche la transparence sur l’identité de chacun, il est pourtant extrêmement difficile de savoir qui on est vraiment. La société et notre quotidien proposent des schémas sociaux qui se complexifient. On nous demande d’être de plus en plus polyvalents, nous faisons donc appel à une multitude de compétences. Ainsi, nous endossons une diversité d’identités qui se regroupe sous ce que j’appelle le Moi mais qui ne sont pas le exclusivement le Moi.

On peut parler de crise. En effet, autrefois les individus étaient portés par les institutions, ils étaient cadrés, ils n’avaient qu’à suivre le chemin de leur vie qui était tracé d’avance. Aujourd’hui, l’individu se met en question et doit lui même fabriquer les cadres de son action future, il faut qu’il ait une idée de lui-même (cf. Jean-Claude Kaufmann, « L’identité en question », Cité des Sciences, Exposition Biométrie : le corps identité). L’angoisse, due à la difficulté de savoir qui on est, est donc provoquée par la multi-appartenance de chaque individu : comment dire alors ce qu’on est quand on est en perpétuel changement ? (cf. Claude Dubar, « L’identité en question », Cité des Sciences, Exposition Biométrie : le corps identité).

Savoir qui on est vraiment est donc une lutte de chaque instant. Cette lutte s’accompagne d’une tension constante entre être soi et être au sein de la société.
D’après François de Singly dans « Un corps pour soi », l’individu moderne est constitué de 2 couches, d’abord le soi véritable (intime), ensuite les apparences (habits sociaux, masque). Toute la difficulté est d’arriver à trouver le juste milieu pour ne pas se perdre.

Cf. Site de la Cité des Sciences.

Identité/Identification.

Pour l’administration, l’identité ce n’est pas compliqué, c’est un nom, un prénom, une date de naissance, mais l’identité c’est presque tout le contraire. C’est un univers de complexité, c’est un continent à découvrir. […] On ne peut jamais faire le tour d’une personne. C’est pourquoi il ne faut pas confondre l’identité avec l’identification [simple, identifier de manière technique], (cf. Jean-Claude Kaufmann, « L’identité en question », Cité des Sciences, Exposition Biométrie : le corps identité).

Chacun a besoin d´être reconnu sans confusion possible grâce aux éléments qui le singularisent. L´état civil se contente de quelques données, sexe, date et lieu de naissance qui ne donnent qu'une vision réductrice de l´individu dont l´identité réelle est complexe et en perpétuelle construction.